Lucas Pires était surtout deux choses : un homme de culture et un personnaliste.


Monsieur le Président,
Chers amis,

Il est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui pour vous dire quelques mots en hommage de Francisco Lucas Pires.

Je commence par remercier le soutien de deux anciens présidents de notre Parlement, Enrique Baron Crespo et Nicole Fontaine, qui, venus des deux côtés les plus importants de notre chambre, ont accepté de partager avec moi le lancement de cette initiative, juillet dernier.

Ça a donné vraiment, depuis le début, le signe essentiel de cet hommage : il ne s’agit pas d’un simple hommage des portugais ; il ne s’agit non plus d’un hommage restreint de la famille politique de Lucas Pires, le PPE. Il s’agit d’un hommage européen, d’un hommage de l’idée d’Europe dont Lucas Pires était un passionné, d’un hommage de différents secteurs politiques qui partagent cette même vision d’une Europe unie et démocratique, en somme, d’un hommage de l’ensemble du Parlement Européen.

Je l’ai bien confirmé tout au long des derniers mois, en recueillant d’autres soutiens. Parmi les questeurs, les chefs de groupes politiques divers, de dizaines de collègues de différentes appartenances politiques, la mémoire de Lucas Pires restait toujours vivante et forte et les traits d’amitié et d’admiration envers lui étaient d’une énorme sincérité et ampleur. C’est ainsi que nous sommes arrivés à la décision de nommer cette sale du nom de Francisco Lucas Pires, où il me reste, au nom des promoteurs, de remercier votre soutien, Monsieur le Président, et ainsi celui du Bureau.


Chers amis,

Francisco Lucas Pires était un grand homme : un politicien, un juriste, un professeur, un maître, un intellectuel, un écrivain. Il ne craignait pas la complexité des choses qui sont profondes et vraies ; il semblait aimer la complexité et avoir même un certain plaisir à les rendre simples et accessibles. Et il l’était comme ça : un homme simple, d’une simplicité qui touchait tout le monde.

Je l’ai connu il y a 33 ans, aux débuts de mon activité comme député au Parlement national. On appartenait au même parti, mais nous n’avons jamais été du même coté de notre parti. Il avait sa propre ligne politique, tandis que moi je suivais la ligne d’un autre dirigeant, Adelino Amaro da Costa. Et on a toujours gardé nos différences. Ça ne faisait rien : ces jours-là on respectait les divergences et on était capable, très naturellement, de les transformer en puissance politique. Une admiration politique s’est ainsi développé et accrue tout au long des années, au delà du respect et de l’amitié personnelle. Je suis sur d’ailleurs que, si Amaro da Costa était toujours vivant et n’était pas décédé lui-aussi très jeune, il serait le premier à partager de sa joie cet hommage européen d’aujourd’hui.

Pour devenir un européen de l’esprit et de l’action politique, Lucas Pires était surtout deux choses : un homme de culture et un personnaliste. Je vais parler du personnaliste, cette vision doctrinaire ancrée sur la personne humaine, la personne ouverte aux autres, pas l’individu plié et enfermé sur soi-même. Il cultivait cette vision culturelle, sociale et politique centrée autour de la personne qui s’ouvre, s’organise, s’épanouisse à travers les autres, dans la famille, la ville, le quartier, le village, l’école, l’université, l’entreprise, la nation, enfin, l’Europe.

Arrivé à la vie politique dans une époque de forts conflits idéologiques, voire révolutionnaires, Lucas Pires affirmait ce personnalisme communautaire, clairement chrétien dans son inspiration et ses racines, un choix personnel de liberté et de responsabilité social, une voie d’indépendance individuel et de partage d’un destin commun.

Aux débuts de ma carrière politique, j’étais aussi le porte-parole de mon parti et le responsable pour les médias et l’information politique. Je me souviens d’une phrase de Francisco Lucas Pires, un extrait de son livre « Une Constitution pour le Portugal », qui a partiellement inspiré le projet de Constitution présentée para mon parti après la révolution du 25 avril 1974, dont j’ai fais faire un affiche politique. La phrase disait : 
« Au commencement il n'était pas l'État, mais l'Homme - c'était l'Homme, l'esprit et l'argile… Est celle-ci une vérité en fonction de laquelle sera l'État à devoir s'humaniser, non l’Homme à devoir s’étatiser... »
On y écoute clairement le personnaliste dont je vous parlais et qui José Maria Gil-Robles, Président du Parlement Européen au moment du décès de Lucas Pires, a aussi évoqué lors de son premier hommage parlementaire et de l’attribution de la Médaille Schuman, en nous parlant de cet homme politique qui partait « d’idéaux solidement ancrés », cet homme « politique dans le meilleur sens du mot » et qui « est devenu le premier des membres individuels de notre Parti Populaire Européen ».

Au fil des années, j’ai remarqué que cette phrase-là de Lucas Pires, propagée par l’affiche dans les sièges du parti, est restée comme une des phrases les plus connues de Lucas Pires pour des générations de jeunes dirigeants. Et par là on pouvait aussi s’apercevoir d’une autre des qualités frappantes de Lucas Pires : il était un communicateur formateur. Plusieurs de ses phrases survivaient le temps qui passe, n’étaient simplement éphémères, car elles gardaient un contenu de fond et étaient porteuses d’une idée.

C’est par là qu’il nous est arrivé jusqu’à aujourd’hui. Personnaliste du cœur et de l’esprit, il s’est affilié démocrate-chrétien et accru comme européiste. C’est nous, les personnalistes du Portugal, de ces années brulants des débuts de la formation de la démocratie chez-nous, qui nous souvenons plus de lui, de son exemple, de son action, de sa parole. Mais il ne nous appartient plus et nous le partageons de bon gré avec l’Europe qu’il aimait tellement et où il a su faire de si bons amis et compagnons, qui, eux aussi, le gardent toujours.

Dès aujourd’hui, il fera part en définit de cette maison qui fut son dernier foyer politique : notre Parlement Européen. Sa mémoire sera présente là où il appartenait le plus : dans une bibliothèque, parmi les lecteurs, enfoncé dans les livres, enthousiaste de la recherche, la découverte, la curiosité, la compréhension, ami des jeunes, allié de toux ceux qui aiment connaître avant de parler, bien placé au cœur du projet européen.

Sa mémoire sera la meilleure inspiration qu’on pouvait trouver pour cette sale : quelqu’un de la politique et de l’Université, quelqu’un des medias et des livres aussi, quelqu’un de l’action et de la pensée, quelqu’un avec un idéal et un projet en marche, un rêveur et un agent, un portugais de l’Europe, un européen du Portugal.


José Ribeiro e Castro
ex-Presidente do CDS, eurodeputado

Homenagem a Francisco Lucas Pires, 1.Abril.2009
Atribuição do seu nome à biblioteca do Parlamento Europeu, em Bruxelas
por proposta de José Ribeiro e Castro





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